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19

Août

2024

Retraite après la réforme : tout comprendre pour faire les bons choix

Retraite après la réforme : tout comprendre pour faire les bons choix

Recul de l’âge de départ à la retraite, augmentation de la durée de cotisation plus rapide que prévue, la réforme des retraites amène à se projeter sur la fin de carrière et les conditions de départ à la retraite autour d’une question centrale : les conséquences sur le montant de votre future pension de retraite. L’anticipation est la clef pour préparer et vivre une retraite sereine sur le plan financier.

La réforme des retraites, entrée en vigueur le 1er septembre 2023, implique des efforts supplémentaires pour tous les futurs retraités. Face au vieillissement de la population, qui creuse progressivement l’écart entre le nombre de retraités et de cotisants, la pérennité de notre système de retraite par répartition nécessite un rééquilibrage des comptes financier

 

Allongement de la durée de travail et de cotisation 

 

L’évolution de la démographie est à l’origine des deux principales mesures de la réforme qui touchent les générations nées à partir du 1er septembre 1961.

L’âge légal de départ à la retraite va progressivement reculer de trois mois pour passer de 62 à 64 ans d’ici à 2030. Les personnes nées en 1968 seront les premières concernées par le nouvel âge légal fixé à 64 ans. En parallèle, la réforme Touraine de 2014 est accélérée. Le relèvement de la durée de cotisation à 43 ans (soit 172 trimestres), pour percevoir une retraite à taux plein, est avancée à la génération de 1965 au lieu de celle de 1973

 

Pour mémoire, il faut réunir deux conditions pour bénéficier d’une pension de retraite complète : atteindre l’âge légal de départ à la retraite et avoir validé le nombre de trimestres requis. L’allongement de la durée de travail et de cotisation, prévu par la réforme, risque d’accentuer les difficultés pour remplir ces deux conditions, notamment pour les personnes qui ont eu une carrière hachée avec des périodes d’inactivité (trimestres assimilés). Certaines devront patienter jusqu’à 67 ans pour percevoir une retraite à taux plein ou accepter une décote définitive pour prendre leur retraite avant

 

Bon à savoir 

Lexique de la retraite 

Trimestres cotisés

Ces trimestres valident des droits à pension grâce aux cotisations prélevées sur vos revenus professionnels et versées à votre caisse de retraite. Le nombre de trimestres cotisés requis pour prendre votre retraite, appelé la durée d’assurance, varie selon votre année de naissance

Trimestres assimilés

Ces trimestres correspondent à certaines périodes d’inactivité non cotisées (chômage, maternité, maladie, accident du travail, service national). Celles-ci sont prises en compte dans la durée d’assurance dans certaines limites, mais elles ne donnent pas de droits à pension.

Retraite à taux plein

La pension de retraite de base atteint le taux maximum de 50 % du salaire annuel moyen (plafonné à 50 % du plafond annuel de la Sécurité sociale - PASS) lorsque la durée de cotisation exigée est remplie ou, à défaut, à l’âge de 67 ans (taux plein automatique). Les trimestres cotisés manquants entraînent une décote de la pension de base alors que les trimestres cotisés supplémentaires engendrent, quant à eux, une majoration

 

2/3 des Français sont préoccupés par le niveau futur de leur pension de retraite. 

Source : Baromètre Epargne & Placements BPCE/Audirep, novembre 2023

40 ans C’est l’âge à partir duquel les retraités conseilleraient à leurs enfants de préparer leur retraite alors qu’ils ont commencé à se préparer 11 ans en moyenne avant leur départ à la retraite. 

Source : Baromètre OpinionWay-Carac « Les Français et la retraite », décembre 2023

2467€ C’est le montant moyen dont vous souhaiteriez disposer par mois pour vivre convenablement à la retraite. 

Source : Observatoire des solidarités intergénérationnelles Ifop pour ASAC-FAPES, “Les Français et la succession”, mars 2024

 

Une perte de revenus plus élevée pour les futurs retraités 

 

Le mode de calcul du montant de la pension de retraite génère lui-même des préoccupations. Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) indique, dans son rapport annuel publié en juin 2023, que le taux de remplacement, qui mesure le rapport entre les pensions de retraite et les revenus d’activité, est de 75 % en moyenne, soit une baisse de 25 % par rapport au dernier salaire. Certains travailleurs peuvent perdre jusqu’à 50 % de leurs revenus.

Plusieurs facteurs expliquent cette baisse de revenus. D’une part, la pension de retraite de base ne peut dépasser 50 % du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), soit 1 932 euros bruts en 2024. D’autre part, le salaire retenu pour calculer la pension n’est pas celui de fin de carrière, généralement plus élevé, mais une moyenne sur les 25 meilleures années. Les périodes d’inactivité (chômage, maternité, maladie…) viennent ensuite diminuer les droits à pension. Le travail à temps partiel induit aussi une pension de retraite réduite.

 

 

Bon à savoir

Faites le point sur votre future retraite 

 

Votre relevé de carrière, retraçant l’ensemble de vos périodes d’activité et d’inactivité, est accessible sur le site lassuranceretraite.fr en créant votre espace personnel. En cas d’erreur ou d’oubli, vous pouvez demander la mise à jour de votre parcours à partir de 55 ans. Un simulateur est à disposition pour estimer l’âge de votre départ à la retraite et le montant de votre pension de base et complémentaire.

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) é t a b l i t a i n s i , d a n s s a publication “Les retraités et les retraites” éditée en 2023, que la pension moyenne des retraités résidant en France, tous régimes confondus, s’élevait à 1 531 euros bruts mensuels fin 2021, soit 1 420 euros nets par mois, après déduction des prélèvements obligatoires. Ce montant masque un écart significatif entre hommes et femmes puisque ces dernières percevaient une pension de retraite inférieure de 40 %, soit une pension moyenne de 919 euros bruts mensuels ou 852 euros nets de prélèvements

Compte tenu de la réforme des retraites, le COR anticipe une baisse moyenne de huit points du taux de remplacement - soit une perte totale de 33 % par rapport au dernier salaire - pour les générations qui prendront leur retraite dans les années à venir.

C’est pourquoi la préparation de votre fin de carrière est essentielle, de manière à prévoir les ressources financières qui permettront de compenser votre perte de revenus et, ainsi, de maintenir votre niveau de vie pendant votre retraite.

 

Compléter la pension avec des trimestres supplémentaires 

 

Pour ceux qui en ont la volonté et les capacités, deux solutions procurent davantage de droits. L’âge légal de départ à la retraite marque l’ouverture des droits, permettant de cesser votre activité professionnelle et de liquider votre retraite, mais rien ne vous y oblige. En continuant de travailler, vous pouvez bénéficier d’une surcote grâce aux trimestres supplémentaires cotisés au-delà du taux plein.

 

"L’âge légal de départ à la retraite va progressivement… passer de 62 à 64 ans."

"La préparation de votre fin de carrière est essentielle."

 

L’alternative est le recours au cumul emploi-retraite. Ce dispositif prévoit la possibilité de reprendre une activité professionnelle, salariée ou indépendante, après avoir liquidé votre retraite, pour compléter votre pension avec un revenu d’activité. Depuis la réforme de 2023, il permet de valider des trimestres donnant de nouveaux droits à la retraite. La pension est recalculée au départ définitif à la retraite.

Le rachat de trimestres permet par ailleurs de réduire voire d’annuler la décote sur la pension de base. Il doit être effectué avant la fin de la quarantième année au titre des études supérieures, ou avant de demander la pension de retraite pour compléter des années de cotisations. Il est possible de racheter jusqu’à douze trimestres, mais cette solution peut s’avérer très onéreuse car le coût des trimestres est calculé en fonction des revenus des douze derniers mois précédant la demande. Néanmoins, les sommes versées pour racheter ces trimestres sont déductibles du revenu imposable sans plafond.

 

Les solutions d'épargne financière à anticiper au cours de la vie active

Plusieurs enveloppes financières peuvent être utilisées pour se créer un complément de revenus pour la retraite. Les plus connues sont l’assurance vie et le plan d’épargne retraite (PER), qui remplacent les produits d’épargne retraite préexistants (PERP, contrat Madelin, PERCO…) fermés à la commercialisation depuis octobre 2020. Ces deux véhicules permettent de constituer une épargne sur le long terme à votre rythme et avec différentes possibilités de sortie, en rente et/ou en capital. Ils procurent en plus des avantages spécifiques au regard de la disponibilité de l’épargne et de la fiscalité, qui peuvent se cumuler dans la préparation d’une stratégie patrimoniale globale (voir le tableau comparatif).

 

Dans l’optique de préparer la retraite, plus vous débutez tôt les versements, moins votre effort d’épargne sera important car il sera réparti dans la durée. L’investissement régulier sur des supports adaptés à votre profil - à déterminer avec votre conseiller selon votre situation personnelle, vos objectifs et vos connaissances financières - permettra en outre d’atténuer les effets de marché sur la valorisation des placements.

 

Pour les investisseurs au profil offensif, le Plan d’épargne en actions (PEA) offre par ailleurs un cadre attractif pour dynamiser une partie de son épargne et bénéficier d’une rente, uniquement soumise aux prélèvements sociaux sur les gains, après cinq ans seulement de détention. Et cela sans entraîner la clôture du plan (hormis en cas de retrait total).

 

De nouveaux versements peuvent être effectués par la suite tout en conservant l’antériorité fiscale du PEA, de la même manière que sur un contrat d’assurance vie de plus de huit ans.

 

L’immobilier, une autre source de complément de revenus

Une alternative à l’épargne financière consiste à investir dans l’immobilier locatif neuf ou ancien. En vous appuyant sur un dispositif de soutien (Pinel ou Loc’Avantages avant fin 2024, Denormandie, déficit foncier généré par des travaux de rénovation, statut LMNP/LMP), vous bénéficierez en plus d’avantages fiscaux qui allègeront le coût de revient de votre investissement. Si l’acquisition a été financée par un prêt immobilier, une fois celui-ci remboursé grâce aux loyers, les revenus locatifs compléteront votre pension de retraite. Moins connue, la vente en viager de la résidence principale permet de bénéficier d’une rente jusqu’au décès tout en continuant de l’habiter (viager occupé), voire de cohabiter avec l’acheteur (viager mixte). Cette solution peut être envisagée avant ou pendant la retraite.

Avant toute prise de décision, il est recommandé de consulter un professionnel qui vous donnera des conseils personnalisés en fonction de votre situation.

 


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