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16

Octobre

2023

Best-in-class ou exclusion : quelle est la meilleure classification ISR/ESG ?

Les placements ISR (Investissement Socialement Responsable) concilient performance financière et développement durable en prenant en compte des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). Best-in-class, exclusion, fonds thématiques… Il existe différentes approches en matière d’investissement dans des fonds ISR, qu’il convient de bien comprendre pour choisir au mieux les fonds ISR dans lesquels vous placez votre argent. 

L’ISR, c’est quoi ? 

Catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et dévastatrices, perturbations massives de la biodiversité, raréfaction des ressources fossiles menaçant la sécurité énergétique, accroissement des risques de crises sanitaires mondiales, creusement global et continu des inégalités sociales, altération des droits humains, dégradation des conditions de travail et du dialogue social, corruption… La prise de conscience des enjeux environnementaux, sociaux, sociétaux, économiques et financiers se généralise. Depuis les années 2010, l’Investissement Socialement Responsable (ISR) proposant des solutions rentables face à ces enjeux planétaires se démocratise.

L’ISR permet d’investir dans des valeurs qui prennent en compte, en plus des critères financiers (chiffre d’affaires, bénéfices, endettement, dividendes…), des critères extra-financiers de type ESG (Environnementaux, Sociaux, et de Gouvernance). L’ISR favorise ainsi la responsabilité sociale des entreprises, ainsi que leur contribution au développement durable, via des placements financiers dans des projets à impact, éthiques et utiles sur le long terme.

Les trois critères de l’ESG (Environnement, Social et Gouvernance) :

- Le critère environnemental évalue les impacts et les risques environnementaux d’une entreprise : ses émissions de gaz à effet de serre ou de CO2, le recyclage de ses déchets, sa consommation électrique…

- Le critère social porte sur la gestion des ressources humaines et sur le climat social au sein de l’entreprise : la qualité du dialogue social, la formation des salariés, le respect du droit du travail ou l’emploi des personnes handicapées.

- Le critère de la gouvernance concerne par exemple la lutte contre la corruption, la transparence des comptes, l’absence de conflits d’intérêt, l’indépendance du Conseil d’administration ou la qualité des équipes de direction.

Comment placer son argent dans l’ISR ?

L’ISR s’adresse à tout investisseur, particulier, professionnel ou institutionnel en quête de sens. Vous pouvez investir dans l’ISR en direct, c’est-à-dire en achetant des actions d’entreprises. Auquel cas, vous devez absolument disposer de connaissances financières solides, et d’un temps conséquent à consacrer à la gestion de votre portefeuille. Investir en direct vous permet de cibler précisément des sociétés dont les valeurs vous correspondent, et dont les actions vous paraissent les plus importantes. Pour être certain de bien placer votre argent selon vos convictions, épluchez les documents publiés par les sociétés cotées, comme la déclaration de performance extra-financières (DPEF), qui présente des indicateurs clés en matière de quantité de déchets produits ou d’émissions de gaz à effet de serre par exemple. Consultez également le rapport RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), parfois intégré au rapport annuel financier publié par l’entreprise que vous visez.

Bon à savoir : Vous avez également la possibilité d’investir dans l’ISR via votre entreprise avec l’épargne salariale (Perco ou PEE).

Si vous n’êtes pas à l’aise avec la gestion directe de votre investissement responsable, placez votre argent au travers de fonds ISR. Les fonds ISR sont proposés par des banques, des assureurs et autres conseillers financiers. Ils sont logés sur un compte-titres, un PEA ou sous forme d’unités de compte dans une assurance vie. Les actifs ISR concernent des actions et des obligations, et peuvent viser aussi l’immobilier ou le capital-investissement.

Trois labels pour identifier les fonds ISR

- Le label ISR, créé en 2016 par le Ministère de l'Economie et des Finances, ce label est attribué aux fonds dits “responsables” investissant dans toute entreprise aux pratiques responsables en matière environnementale, sociale et de gouvernance.

- Le label Greenfin (ancien label TEEC), créé en 2015 par le Ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer, est quant à lui attribué à des fonds spécialisés, thématiques, qui participent à la transition écologique, excluant les entreprises opérant dans le secteur nucléaire et les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz).

- Le label Finansol, créé en 1997, est une également une certification spécialisée, qui cible des fonds dits à "impact" ou “solidaires”, qui investissent dans des entreprises favorisant l’accès à l’emploi ou au logement, ou encore l’agriculture biologique.

Les différentes stratégies d’investissement ISR

Avant d’investir dans un fonds ISR, vous devez bien comprendre que la stratégie d’investissement ISR peut varier en fonction des fonds. Parmi les principales stratégies d’investissement socialement responsable, il existe :

- L’approche “Best-in-class” : elle consiste à sélectionner, toujours via un système de notation, les meilleures entreprises de chaque secteur économique, sans en exclure aucun. Il s’agit de l’approche la plus répandue en France.

- L’approche “Best in Universe” : elle consiste à viser les sociétés qui bénéficient des meilleures notations selon les critères ESG, quel que soit leur secteur d’activité. Certains secteurs peuvent donc ne pas être représentés.

- L’approche “Best efforts” : elle consiste à cibler les sociétés qui ont le plus progressé dans leurs critères ESG. Ce peut être au niveau de la transformation managériale ou la révision de leur business model.

- L’approche par “exclusion” : elle consiste à exclure de l’univers d’investissement les entreprises controversées, ne répondant pas à des critères socio-environnementaux minimaux. Il s’agit d’exclusions sectorielles, (comme l’alcool, le tabac, l’armement, les OGM, les jeux d’argent, la pornographie, les énergies fossiles ou le nucléaire) ou bien d’exclusions normatives (non-respect ou non-ratification de traités et conventions internationaux). Il s’agit de l’approche la plus répandue dans les pays anglo-saxons.

- L’approche “thématique” : elle consiste à investir dans des sociétés présentes dans les secteurs d’activité d’avenir, liés au développement durable (les énergies renouvelables, l’eau, la santé, la transition démographique, etc.).

- L’approche “actionnariale” : elle consiste à influencer le comportement des entreprises en utilisant activement les droits d’actionnaire aux assemblées générales, afin de les pousser à améliorer leurs pratiques ESG.

- L'approche d'”impact" : elle consiste à investir dans des entreprises, la plupart du temps non cotées en Bourse, qui génèrent un impact social ou environnemental intentionnel, mesurable et positif, tout en proposant un rendement financier.

Bon à savoir : Un même fonds peut regrouper plusieurs de ces stratégies d’investissement.

Quelles que soit leurs approches, les fonds ISR permettent d’encourager (et de profiter) des tendances qui changeront les comportements de consommation à long terme. Selon les régions du monde et des cultures locales, certaines approches sont davantage visées que d’autres. Par exemple, les Français visent davantage l’amélioration de l’aspect social au sein des entreprises, tandis qu’en Allemagne, les investisseurs préfèrent cibler les efforts en matière d’environnement. Outre-manche, les Britanniques sont particulièrement attachés à la transparence dans la gouvernance.

ISR : comment choisir le meilleur gérant d’un fonds ISR ? 

L’investissement socialement responsable (ISR) a envahi l’univers de la gestion d’actifs. Il a atteint en France 2 108 milliards d’euros à la fin 2021, soit une hausse de 33 % par rapport à 2020, d’après les dernières statistiques de l’Association française de la gestion financière (AFG). Un montant qui représente 54 % des encours globaux sous gestion dans l’Hexagone.

Difficile de s’y retrouver dans le marché foisonnant des fonds ISR, et de bien comprendre les approches utilisées par les gestionnaires. Dans tout ce brouillard d’offres et d’informations, le choix du meilleur gérant proposant le meilleur fonds ISR dépendra en somme de l’adéquation entre sa proposition et votre situation, votre niveau d’aversion aux risques, votre horizon de placement, mais aussi vos convictions et vos valeurs en matière de responsabilité environnementale, sociale et de gouvernance. Exemple : si vous voulez être certain que votre argent alimente uniquement des entreprises engagées dans la transition énergétique, visez un fond thématique en ce sens.

Dans tous les cas, vérifiez que le fonds ISR que vous ciblez correspond bien à vos objectifs. Prenez soin de bien analyser son fonctionnement, en consultant le DICI (Document d’informations clés pour l’investisseur) de ce fonds. Il s’agit d’un document où figurent les conditions générales du contrat et les informations commerciales (avec notamment les frais appliqués, à ne pas négliger), ainsi que le “Code de transparence” publié par la société de gestion. En effet, les fonds signataires de ce Code doivent obligatoirement donner des informations exactes en langage clair et compréhensible par un large public, adéquates et actualisées, pour permettre à l’ensemble des parties prenantes, plus particulièrement aux investisseurs et épargnants, de mieux comprendre la prise en compte des politiques et les pratiques d’intégration des enjeux ESG à la politique d’investissement des fonds.

ISR : les entreprises ne peuvent plus échapper à leurs responsabilités

Les critères extra-financiers prennent littéralement le pouvoir dans le monde. Désormais, les entreprises qui échappent à leurs responsabilités environnementales, sociales ou de gouvernance, sont largement visées par les médias et lourdement sanctionnées par les marchés. Rappelons-nous de l’affaire du “Dieselgate” de Volkswagen, le constructeur automobile avait réduit de manière frauduleuse ses chiffres d’émissions de particules fines, provoquant une panique boursière sur le secteur automobile européen. Autre cas emblématique, celui d’Ubisoft, où des faits d’agressions sexuelles avaient conduit au départ de plusieurs hauts cadres. Désormais, c’est au tour de Teleperformance d’être fortement chahuté par les investisseurs sur fond de soupçons de violation du droit du travail en Colombie. Le monde et les codes changent, et les entreprises risquent désormais très gros lorsqu’elles contreviennent aux critères ESG.

Au contraire, valoriser les critères ESG permet de garantir aux investisseurs des rendements plus sûrs et plus stables. En effet, les entreprises attentives à leur responsabilité sociale, sociétale et environnementale seraient plus efficaces et mieux gérées que leurs homologues classiques. Elles sont en outre plus réactives et plus résilientes aux crises, comprennent mieux les risques liés à la réglementation, et se montrent très prudentes face aux risques de réputation. Selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), non seulement la rentabilité financière de l’épargne solidaire “n’est pas inférieure à celle des produits classiques”, mais en plus elle propose des frais plus faibles. Surtout, elle apporte une transparence et un impact social permettant un cercle vertueux. Une autre étude menée de 2016 à 2020 montre que 62 % des OPC labellisés ISR surperforment même le marché.


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