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06
Décembre
2021
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Comme après la plupart des crises de grande ampleur, le taux d’épargne des ménages ne se normalise que très lentement.
La France va probablement connaître un rebond économique en apparence spectaculaire de 6,8 % en 2021. Cette progression n’est pourtant que le miroir inversé de la chute historique de 8 % de son niveau de richesse de 2020, chute engendrée par l’arrêt « administré » de la production avec le confinement strict lié à la Covid-19.
Après deux années exceptionnelles (respectivement 21,4 % en 2020 et 19,3 % en 2021), il devrait se rapprocher de son niveau d’avant crise qu’en 2022, tout en lui restant supérieur à 15,7 %. Cela signifie qu’il ne parait pas envisageable à ce stade que la sur-épargne accumulée durant la crise alimente la croissance par un surcroît de consommation dans les mois à venir.
Vigilance à l'égard du lendemain
On observe ainsi, au-delà d’une posture généralisée de vigilance à l’égard du lendemain, une multiplication des motivations d’épargne : hausse des prix, montée de la dette publique qui préoccupe 62 % des Français… mais aussi anticipation des difficultés économiques dans le futur.
Ce comportement toujours prudent s’est manifesté tout au long des trois premiers trimestres de 2021 par un surplus mensuel de placements financiers de 4,9 Md€ (flux hors intérêts et capitalisation boursière), contre 8,2 Md€ de mars à décembre 2020, par comparaison à la situation d’avant crise. C’est ainsi que le total cumulé des flux hors titres a atteint 100,3 Md€ en septembre 2021, inférieur de seulement 6,6 % à celui de 2020 à la même période.
La projection en forme de bilan pour la fin de 2021 traduit bien l’absence de retour rapide à la situation d’avant crise, reflet certes d’une crise atypique mais également d’une inertie classique d’ancrage après un tel choc. L’ensemble des placements financiers des ménages pourrait dès lors atteindre 110,2 Md€ en 2021, contre 141 Md€ en 2020 et 74,4 Md€ en 2019, soit un surplus supérieur à 130 Mds sur deux ans en comparaison d’une situation normale.
L’épargne liquide et sécurisée, traduisant un comportement d’épargne de précaution, est restée au sommet. Les dépôts à vue (DAV) et les livrets devraient enregistrer une collecte annuelle proche respectivement de 56 Md€ et de 50 Md€ mais en net repli par rapport à 2020. Le recul relatif des DAV et des livrets mais aussi l’accélération du recul du PEL s’expliquent en partie par le net redressement de l’assurance-vie, tiré par la collecte exceptionnelle des unités de compte (les UC, dont la part dans les encours est passée de 21 à 27 % depuis mars 2020) et par la moindre décollecte des produits euros.
La fin des comportements opportunistes en Bourse
Concernant les titres, on semble assister à la fin progressive des comportements opportunistes, avec la diminution des flux nets sur les actions cotées et des sorties importantes sur les OPC non monétaires, du fait de la réduction des gains faciles et rapides avec la hausse des cours. Au total, les flux négatifs sur les OPC et les obligations devraient ramener les flux sur titres à des niveaux proches de 2018-2019, de l’ordre de -10 Md€.
Dynamique sans précédent de l’épargne-retraite individuelle
Les placements orientés vers le long terme sont donc dominés par l’assurance-vie en UC mais aussi par l’émergence confirmée d’un attrait durable pour les supports d’épargne-retraite, eux-mêmes investis à environ 50 % en supports UC et contribuant à leur succès. La création du plan d’épargne-retraite (PER), au-delà du succès d’estime traditionnel qui entoure le lancement d’un nouveau produit financier, semble être de nature à modifier durablement le marché de l’épargne-retraite.
Alors que l’épargne-retraite individuelle était le parent pauvre de ce marché, elle a bénéficié depuis deux ans d’une dynamique sans précédent : la collecte sur 2021 devrait atteindre 5 Md€ contre une tendance moyenne d’environ 1,2 Md€ par an sur les supports à adhésion individuelle et 900 000 nouveaux contrats (hors transferts) ont déjà été souscrits à comparer à 2,8 millions de contrats fin 2019, un chiffre en recul depuis trois ans.
Ce succès semble par ailleurs confirmé par des intentions de souscriptions élevés (23 % des non-détenteurs), en particulier parmi les 35-49 ans mais aussi chez les 18-35 ans très préoccupés par le niveau futur de leur retraite.
Concernant la retraite collective, les intentions de souscription (dans le secteur privé) sont plus marquées encore avec 35 % se disant intéressés mais le marché semble surtout confronté à un enjeu de visibilité et de disponibilité de l’offre : seulement 13 % des salariés du privé pensent que leur entreprise propose un PER collectif et 8 % « qu’elle devrait bientôt le proposer » tandis que 30 % « ne savent pas » si le dispositif existe dans leur entreprise.
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